Comment j’ai arrêté de fumer
J’ai été fumeur pendant plus de 20 ans. Je pense que j’ai toujours détesté fumer, mais cela n’a pas suffi à me faire arrêter.
J’ai commencé parce que les adultes autour de moi fumaient, pour faire comme les grands, pour me donner une contenance. Comme tous ceux qui commencent, je pensais pouvoir arrêter sans problème puisque c’est tellement infect et repoussant qu’on n’imagine pas devenir addict à une telle “pratique”. Puis la drogue s’installe sournoisement et elle finit par masquer temporairement, plus ou moins efficacement, un ou plusieurs manques que nous avons en nous. Le piège se referme et est bien en place. On arrive même a se persuader que l’on aime fumer. La cigarette compense en fait un manque mental qu’elle a elle-même créée.
Pendant toutes ces années j’ai donc contribué à m’abîmer la santé, celle des autres (regarder en image ce que donne une cigarette sur soi et pour l’entourage) et à entretenir et à encourager les personnes responsables de cela. Je leur ai donné plusieurs milliers d’euros! Si il y a environ 16 millions de fumeurs en France, on comprend bien pourquoi la vente n’est toujours pas interdite, au contraire, on augmente judicieusement (un peu, mais pas trop) les prix pour générer plus de revenus.
Imaginez un monde sans cigarette et qu’une société souhaite en vendre aujourd’hui. Lui laisserait-on proposer son poison en vente libre à tous les coins de rue ? Je ne le pense pas.
Soutenir un lobby bien en place, c’est un argument que je n’ai pas (beaucoup) trouvé dans mes lectures. Et pourtant, en achetant des cigarettes, vous entretenez votre dealer et vous lui permettez de continuer à empoisonner d’autres personnes. Si vous ne les achetez pas, ils n’ont produiront pas. C’est notre pouvoir.
Voilà ce qui semble avoir fonctionné le mieux pour moi : le dialogue avec l’inconscient/le cerveau émotionnel.
Il ne s’agit pas de résonner le cerveau logique, notre conscient sait très bien que fumer est mal et qu’il s’agit d’un puissant poison pour notre organisme. Le problème n’est donc pas l’esprit logique, mais l’attitude de l’inconscient qui réfléchit avec des émotions et des expériences.
Je ne sais plus qui le disait, mais la comparaison avec un enfant me semble évidente. Celui-ci agit avec instincts et émotions sans vraiment réfléchir et en oubliant les conséquences des ses actes, il vit dans le présent. L’inconscient est un peu comme cela lui aussi, il agit avec ses émotions, en direct et sans réfléchir.
Si, depuis plusieurs années, son fonctionnement est de résoudre un manque (créé par le tabac lui-même), alors faisons-le immédiatement et hop, allumons une cigarette en oubliant tout le reste, le problème est “résolu”.
Mais cela semble modifiable. Et comme avec un enfant, il va falloir le raisonner et lui démontrer que non, on peut faire différemment et qu’en plus ça va être vraiment mieux. Mais le dire une seule fois à cet enfant ne suffira certainement pas. Il va falloir, beaucoup, mais alors vraiment beaucooooooooooup le répéter. Certaines fois, et surtout au début, plusieurs fois par heure! Cet enfant va également mettre des stratégies en place pour nous forcer à assouvir son besoin et inventer tout un tas d’excuses qui sembleront très pertinentes, voir même créer des maux physiques. Comme des parents, il va falloir déjouer ces pièges et ne pas tomber dans le panneau!
Première chose à faire, lister les points positifs à l’arrêt du tabac.
Mettre en première position l’argument principal précis qui vous motive le plus (ex: récupérer une condition physique qui permettra de faire du sport et de ne plus déprimer).
Utiliser uniquement des formulations positives (et donc sans “ne” ou “pas”). Ex: Ne pas avoir mal au poumon = Avoir des poumons en très bonne santé et fonctionnant très bien.
Cette liste est indispensable, elle va devoir être relue à notre enfant inconscient beaucoup de fois. Il faut toujours l’avoir sur soi physiquement et garder en tête l’objectif principal.
Lire le livre Allen Carr, “The easy way to stop smoking” ou “La méthode simple pour en finir avec la cigarette”.
Dans tout ce que j’ai essayé, je ne sais pas vraiment ce qui a fonctionné le mieux puisque j’ai tout fait en même temps, mais je pense que le livre d’Allen Carr y est pour beaucoup.
Des millions de personnes ont arrêté avec ce livre et j’ai beaucoup d’amis qui en font partie. C’est peut-être le livre qui a sauvé le plus de vies sur Terre, c’est à ma connaissance l’outil le plus efficace pour l’arrêt du tabac. Je pense que l’on a tous les avantages à le lire à partir du moment où l’on fume, même rarement/occasionnellement.
Le mécanisme de la cigarette y est très bien décortiqué, il est une puissante remise en question du besoin de fumer.
Je pense l’avoir lu en entier au minimum 4 fois. Comme l’auteur le dit, les personnes qui n’ont pas arrêté avec cette méthode n’ont pas suivi les instructions, cela a bien été mon cas jusqu’à ma dernière lecture. La répétition est une des clés du succès.
Faire la méthode d’hypnose de Mike Fink.
Même si je ne sais pas si l’hypnose et les exercices de cette méthode ont fonctionné, on y trouve des arguments percutants qui complètent très bien ceux d’Allen Carr, Rien que pour cela, je pense que la méthode est utile.
Pour moi, le site Internet a vraiment une allure à vendre du vent, mais je suis content d’avoir dépassé cette première impression pour découvrir le programme. http://www.arreter-de-fumer.com/aws/
Consulter un hypnothérapeute ? Je ne sais pas si cela a pu jouer dans le processus. Lorsque je suis allé au RDV, j’avais déjà arrêté depuis plus de 24h (je n’en pouvais plus d’attendre d’arrêter de fumer), je ne me souviens pas très bien de la séance, mais il parait que c’est ça l’hypnose. Impossible de dire quel est le pourcentage de réussite dans cette expérience.
Aucun substitut. J’avais déjà essayé avec des gums, des patchs et les cigarettes électroniques.
Je connais de nombreux fumeurs qui sont passés à la cigarette électronique, mais peu voir aucun qui ont ensuite arrêté cette dernière. Le plus souvent, ils errent entre les deux.
Je connais des fumeurs qui ont arrêté avec des patchs, mais auraient-ils pu arrêter encore plus facilement sans ?
Pour ma part, les substituts servent surtout à ceux qui les produisent, la nicotine avait sur moi pour effet de continuer à entretenir la dépendance et donc la rechute.
Mes tentatives d’arrêt ont toutes été bénéfiques.
La première m’a permis de me rendre compte que oui, je pouvais rester en vie sans cigarette et que je cela n’allait pas être un supplice insupportable.
La deuxième m’a permis de me rendre compte que d’être persuadé du succès était impératif.
La troisième m’a permis d’apprendre à gérer la substitution d’une dépendance à une autre (ex: alcool).
Dans la quatrième et dernière, je ne peux pas dire que tout a été rose.
Les méthodes ont tendance à minimiser le challenge pour être rassurantes alors qu’il faut l’avouer, des fois ça va être assez dur, surtout en fonction des événements à gérer sur le plan émotionnel. Mais il faut bien garder en tête que :
– ce ne sont que des moments très passagers,
– cela ne dure que quelques minutes, faites autre chose et cela passera,
– les non-fumeurs vivent les mêmes situations et n’ont absolument pas besoin de cigarette.
Le premier mois était top, j’étais hyper content de ne plus fumer et donc de ne plus devoir m’empoisonner. Chaque fois que j’avais envie de fumer, je me remplissais de la joie de ne plus avoir à le faire.
Les deuxième et troisième mois ont été les “pires”. La joie s’estompe et l’enfant inconscient se fâche en réclamant plus fort sa dose.
Il faut tout contrôler/se priver (tabac, alcool, nourriture) et cela peut engendrer une frustration.
J’ai ressenti une dépression liée à cette frustration mais aussi à cause de la mise en évidence des manques que j’avais dans ma vie personnelle, des erreurs de constructions de ma personne. La cigarette permettait de les masquer un peu.
Évidemment, mettre à découvert ce genre de problème permet de travailler dessus beaucoup plus efficacement et donc de les corriger.
Je pense que l’on n’est pas tous égaux face à l’arrêt du tabac justement à cause de ces manques.
On a tendance à penser/juger qu’il s’agit juste d’un manque de volonté. J’ai pu arrêter et avoir une volonté inébranlable pour certaines choses et j’ai pourtant fumé sans plaisir avec le souhait ardent d’arrêter pendant plus de 20 ans!
La difficulté d’arrêt est peut-être liée à la profondeur de ces manques que nous tentons d’enfouir sous cette fumée.
J’évitais aussi les activités à risque (soirées amis/bar/alcool-clop).
Évidemment, faire du sport m’a beaucoup aidé, c’était même devenu un besoin.
Faire des infusions dans une boule à thé également. Plutôt que de boire du thé ou du café qui sont acides. Cela permet d’occuper ses mains en préparant puis la tète en ingurgitant quelque chose.
Je pense que la difficulté des 2 mois suivants le premier est que je n’arrivais pas à me convaincre du succès. J’avais comme palier plus ou moins conscient d’arriver à 3 mois pour être sûr que cette fois-ci, c’était vraiment fini.
Bien sûr, tout cela n’a pas duré et a bien fini par passer à la fin du troisième mois, il faut serrer les dents. :-)
Je connais beaucoup de fumeurs qui n’ont pas ressenti cette dépression et qui sont devenus des heureux non-fumeurs depuis leur premier jour d’arrêt, car depuis le premier jour, ils étaient absolument convaincus qu’ils ne fumeraient plus jamais.